Elle est malade

C'est OUF comme la certitude d'un jour peut devenir le doute profond du lendemain.

Le souffle court, les larmes qui montent, le nuage dans le cerveau.

C'est chimique.

Heureusement les morot et betör me parlent et alors tout va mieux. Sans déconner. C'est les violettes qui font du bien. "Crazy stuff".

Des arcs en ciel de légumes, j'vous dis.

REPRENONS.

Depuis Welliehausen, près de Hameln en Allemagne, je suis passée par le Brocken, plus haut sommet du Nord du pays. Une bonne demi-journée de stop en compagnie d'un routier polonais m'amène à Hambourg, où je passe trois jours intenses, enfin moins les jours que les nuits, avec un entretien d'embauche pour cet hiver en plein milieu.Les auberges de jeunesse ça faisait longtemps, mais là c'était le bon choix.

Le dimanche de bus puis stop fut difficile, mais je suis finalement arrivée à Ingstrup au Nord du Danemark grâce à un dernier lift d'un gentil danois qui m'a emmenée alors qu'il n'allait pas du tout par là. Il a eu pitié de moi sous la pluie battante à 20h...

Le lendemain je quitte mon hôte CS pour aller à Skagen. Journée incroyable. Ce couple de danois qui m'emmène boire un café, à une semaine d'avoir leur premier enfant. Plus chou tu meurs. Cet endroit iréél qu'est Skagen où la Mer du Nord et la Baltique se foncent dedans, littéralement. Cette famille syrienne qui m'emmène passer la soirée chez elle avant de monter dans le bateau direction la Suède. Cet iranien qui me laisse squatter son canapé en arrivant à Göteborg.

What, is, going, on, people.

Attends c'est pas fini.

Là déjà j'hallucine d'être en Suède, c'était tellement loin, et genre là j'y suis. Je lève le pouce à Göteborg pour me rendre à Knalten, même pas le temps de vraiment prendre place qu'un Suédois s'arrête, puis m'amène devant Knalten. Pas du tout où il allait. Au milieu de Far Far Away.

Moi pas comprendre.

Et puis depuis mon arrivée à Knalten, déjà il a fallu que mon cerveau intègre. Sinon y a eu quelques rangs de patates, carottes ou betteraves, haricots, courgettes... De la grelinette bien entendu, du jeu de la marchande en suédois, du vélo dans les racines, un marché, du lançage de baton à Clara, du québécois, des eaux chaudes, de la guitare.

Des lacs. Des nuages qui ne bougent pas. De la mousse moelleuse. De l'air. Du silence.

Et pourtant aujourd'hui il a fallu que je respire fort. L'air d'ici est pas mal, faut dire. La Horde, les gars. La Horde. Le blizzard. On n'est pas à l'abris, même dans cette contrée éloignée.

C'est marrant, j'apprends beaucoup ces temps-ci, à contrôler ça. Comme cette soirée à Hambourg où il a fallu que je me rassure toute seule. Et j'ai réussi. Est-ce que c'était vrai ? C'était pailleté. Je crois que c'était vrai.

J'apprends beaucoup parce que ça arrive beaucoup ?

L'important c'est de sourire. Le blizzard c'est que du chimique, faut aller au-delà.

Parce que tout va bien. Et tout ira bien.